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Soutenons Charlie Hebdo
7 février 2007

Philippe Val : "Si l'on n'a plus le droit de rire des terroristes..."

..."que reste-t-il comme arme au citoyen?", s'est interrogé le directeur de Charlie Hebdo, poursuivi pour la publication de caricatures de Mahomet.

Si l'on n'a plus le droit de rire des terroristes, que reste-t-il comme arme au citoyen?", s'est interrogé mercredi 7 février Philippe Val, le directeur de Charlie Hebdo poursuivi devant le tribunal correctionnel de Paris pour la publication de caricatures du prophète Mahomet. philippeval
L'hebdomadaire satirique est poursuivi pour "injures publiques envers un groupe de personnes en raison de leur appartenance à une religion" par la Grande mosquée de Paris et l'Union des organisations islamiques de France (UOIF), deux composantes du Conseil français du culte musulman (CFCM). Les deux associations reprochent à l'hebdomadaire satirique d'avoir pratiqué l'amalgame entre musulman et terroriste en publiant les caricatures, commandées initialement par le quotidien danois Jyllands Posten. Dalil Boubakeur, le recteur de la Grande mosquée de Paris, n'était pas présent à l'audience.

Soutien de Sarkozy

Son directeur de publication a reçu un soutien plutôt inattendu du ministre de l'Intérieur, Nicolas Sarkozy, souvent brocardé dans les pages du journal. Dans une lettre lue à l'audience par l'un des avocats de l'hebdomadaire, Nicolas Sarkozy affirme "Je tiens à apporter mon soutien à votre journal qui s'inscrit dans une vieille tradition française, celle de la satire". Remarquant avoir été "très souvent la cible privilégiée" du journal dirigé par Philippe Val, il a affirmé l'accepter "au nom de la liberté de rire de tout".
"Je préfère l'excès de caricature à l'absence de caricature", ajoute-t-il, selon les propos lus par Me Kiejman qui a conclu: "et c'est signé par Nicolas Sarkozy, suivi du slogan: 'ensemble, tout est possible'", suscitant rires et sourires, tant dans le public que sur le banc des parties civiles.

"Jeu démocratique"

"Lorsque la religion prétend organiser le collectif et la vie des autres, elle doit faire l'objet de critiques. Cela fait partie du jeu démocratique", s'est défendu Philippe Val dans une salle bondée où le public est acquis à sa cause.
Les dessins publiés par son journal dénonçaient "l'utilisation que les terroristes font de l'Islam", a-t-il expliqué aux avocats de l'UOIF et de la Ligue islamique mondiale. "En quoi est-ce mettre de l'huile sur le feu que de se moquer de ceux qui commettent des actes de terrorisme?", s'est indigné Philippe Val en réponse à ceux qui lui reprochaient d'attiser la haine envers les musulmans.
"Ces dessins s'adressent à des idées, pas à des hommes, à des idées défendues par des hommes qui commettent des actes violents", a-t-il rappelé pour justifier la publication de ces dessins.
Publication dont l'élément déclencheur a été le limogeage du directeur de France Soir par son actionnaire principal pour avoir publié ces dessins.

"Mépris des extrémistes"

"J'ai toujours pensé que les intégristes feraient tout pour faire croire que ces dessins s'en prenaient aux musulmans", a-t-il expliqué en ajoutant que les démocraties alimentaient "le mépris des extrémistes" en obéissant à leurs pressions. En février 2006, Jacques Chirac avait condamné "les provocations manifestes" pouvant blesser "les convictions religieuses".
Trois dessins sont en cause. La couverture du numéro du 8 février, réalisée par Cabu pour Charlie Hebdo, représentant, sous le titre "Mahomet débordé par les intégristes", un prophète soupirant: "C'est dur d'être aimé par des cons". Le deuxième représente le prophète coiffé d'un turban d'où sort la mèche d'une bombe et le troisième, Mahomet sur un nuage accueillant des terroristes leur disant: "Arrêtez, arrêtez, nous n'avons plus de vierges".
Le premier secrétaire du Parti socialiste, François Hollande, devait être entendu dans l'après-midi comme témoin à la demande des avocats de Charlie Hebdo. François Bayrou, candidat UDF à la présidentielle, sera entendu jeudi après-midi.
Le procès se poursuit jusqu'à jeudi. Philippe Val encourt jusqu'à six mois d'emprisonnement et 22.000 euros d'amende.


Source : Le Nouvel Observateur du 7 février 2007

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