Philippe Val : "C'est la liberté d'expression qui est mise en cause"
Comment appréhendez-vous le procès qui ouvre mercredi ?
- Je suis prêt. On ne peut pas préjuger, en bien ou en mal, de la façon dont va se passer le procès. Mais j'ai confiance dans nos arguments. La jurisprudence étant constante jusqu'à présent, j'ai confiance. Nous avons d'ailleurs beaucoup de soutiens. C'est une cause qui concerne toute la presse et a un retentissement mérité.
Souvent, les procès devant la 17ème chambre, concernent des affaires de plagiat, de diffamation, bref des transgressions. Là, c'est la liberté d'expression qui est mise en cause.
Pourquoi aviez-vous décidé de republier les caricatures du Jyllands Posten ?
- Lorsque Jacques Lefranc a été viré pour avoir publié les caricatures dans France Soir, nous avons décidé de réagir contre cette atteinte à la liberté d'expression en republiant ces caricatures, espérant que toute la presse allait suivre. C'était par solidarité, pour souligner que la loi est décidée au Parlement et nulle part ailleurs.
Quelles seraient les conséquences d'une condamnation de Charlie Hebdo ?
- Il ne faut pas confondre la critique d'une idéologie avec le racisme. Si Charlie était condamné, on ne pourrait plus travailler sur tous les sujets proscrits par les religions, par exemple la recherche génétique. La société serait bloquée par une jurisprudence qui permettrait de condamner la critique de la religion.
C'est pourquoi nous allons tout faire pour gagner en expliquant que nous n'allons à l'encontre d'aucun croyant tant que leur croyance est de l'ordre de l'intime. La religion ne doit pas venir influer dans la gestion du collectif. C'est quelque chose qu'il faut affirmer: parfois on ne passe pas. D'ailleurs, demain Laurent Joffrin m'a demandé, pour un jour, de prendre la direction de Libération pour expliquer tout cela.
Propos recueillis par Céline Lussato
(Nouvel Observateur lundi 5 février 2007)